Gaming the future

#011 - Et si nos certitudes nous empêchaient de bien réagir ?
Aucun répit
Nous vivons dans un monde qui ne laisse aucun répit. Les crises se succèdent, se superposent et parfois se combinent pour créer des effets en cascade que personne n’avait anticipés. Changement climatique, tensions géopolitiques, inflation, pénuries, fractures sociales, révolutions technologiques… Ce que nous appelons désormais la polycrise n’est pas une simple addition de difficultés. C’est un entrelacement d’événements qui se nourrissent les uns des autres et révèlent nos fragilités systémiques.
Face à cette complexité, beaucoup cherchent la solution miracle. Un plan clair, une technologie salvatrice, une décision politique forte qui remettrait les choses en ordre. Mais la polycrise n’offre pas ce luxe. Il n’y a pas de bouton pause, pas de sortie simple, pas de mode d’emploi universel.
La question devient alors : comment penser et agir dans ce chaos ?
Nos angles morts collectifs
Nous aimons raisonner par silos. Cela rassure : chaque problème aurait son domaine d’expertise, ses spécialistes, ses solutions techniques. Pourtant, c’est justement cette approche fragmentée qui nous empêche souvent de voir les vrais enjeux.
- On pense encore l’écologie sans parler d’inégalités. Comment bâtir une transition énergétique si les plus vulnérables en supportent seuls le coût ?
- On pilote l’innovation sans voir les effets de bord sur la cohésion sociale. L’intelligence artificielle promet efficacité et productivité… mais que dire des emplois déplacés, des inégalités d’accès et de la perte de confiance ?
- On gère les tensions géopolitiques sans intégrer la fragilité des chaînes d’approvisionnement. Une guerre à des milliers de kilomètres suffit à bloquer nos ports, à priver nos usines de matières premières, ou à déclencher une flambée des prix alimentaires.
Ces angles morts ne sont pas anecdotiques : ils sont le cœur du problème. Tant que nous refusons de regarder les interconnexions, nous répétons les mêmes erreurs, en croyant « traiter » une crise alors que nous en alimentons une autre.
Quand le jeu devient révélateur
C’est là qu’intervient le Jeu de la Polycrise.
Ce serious game propose une expérience simple, mais déstabilisante : cartographier collectivement un système en tension. Sur la table, les participants identifient des crises, des tendances, des fragilités. Peu à peu, les liens apparaissent : telle décision énergétique affecte la stabilité sociale, tel conflit géopolitique perturbe l’économie locale, telle innovation crée des dépendances inattendues.
Sous leurs yeux, le tableau se complexifie. Et la polycrise prend forme.
Ce moment est toujours marquant. Car il ne s’agit pas de lire un rapport ou d’écouter un expert : chacun voit et ressent l’interdépendance des crises. L’abstraction devient concrète.
Stratégies dans le chaos
Mais le jeu ne s’arrête pas à la prise de conscience. Une fois la carte collective dressée, vient la question décisive :
Quelle stratégie choisir dans ce chaos ?
En équipe, les participants doivent formuler une réponse. Pas parfaite – elle ne peut pas l’être – mais cohérente. Ils disposent de cartes Tendances, Obstacles, Actions. Ils testent des combinaisons, évaluent des scénarios, imaginent des leviers.
Souvent, ils découvrent que la meilleure stratégie n’est pas de tout prévoir, mais de créer des marges de manœuvre, de renforcer la résilience, d’accepter l’incertitude.
C’est un apprentissage précieux pour les organisations. Car dans la vie réelle, il en va de même : aucune entreprise, aucune institution, aucun État ne peut prétendre contrôler l’ensemble des crises. Mais tous peuvent apprendre à mieux naviguer, à adapter leur tempo, à jouer avec l’incertain plutôt qu’à le subir.
Pourquoi c’est crucial aujourd’hui
Jamais les dirigeants, publics comme privés, n’ont été autant sollicités par des crises simultanées. Décider vite est nécessaire. Mais décider bien demande aussi de ralentir, de prendre du recul, de saisir les interconnexions.
La polycrise est peut-être notre nouvelle normalité. Elle est inconfortable, exigeante, parfois paralysante. Mais elle peut aussi devenir un terrain d’innovation, de coopération et de créativité, à condition d’accepter qu’il n’y a pas de réponse unique.
C’est précisément ce que le Jeu de la Polycrise nous enseigne : 👉 Non pas prévoir toutes les crises, mais apprendre à y jouer. 👉 Non pas chercher le plan parfait, mais créer des stratégies robustes et adaptables. 👉 Non pas craindre l’incertain, mais le considérer comme une matière à travailler ensemble.
En conclusion
Nous vivons une époque où nos certitudes sont mises à l’épreuve. Ce que nous croyions stable se révèle fragile. Ce que nous pensions séparé s’avère interconnecté.
Dans ce contexte, continuer à agir comme avant serait la plus grande erreur. Le défi n’est pas de trouver une recette magique, mais d’apprendre à évoluer dans un système complexe, mouvant, imprévisible.
C’est exactement ce que propose le Jeu de la Polycrise : un espace pour expérimenter, pour se confronter à nos angles morts, et pour développer ensemble une intelligence plus fine de la complexité.
Parce que face à la polycrise, nous n’avons pas besoin de certitudes, mais de discernement, de coopération et d’agilité.
Et peut-être qu’au fond, c’est là notre meilleure chance.
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